Le Népal
Dans l'avion, la moitié des passagers est constituée de népalais, l'autre moitié
d'occidentaux chaussés de pompes de rando. Ça met déjà un peu dans l'ambiance. Avec mon plateau repas, le stewart me propose .... Une bière ! Eh oui, finie la charria et ses interdits. Une
Heineken pas très fraiche en canette métal... d'ordinaire je ne daignerais même pas tremper mes lèvres dans cette pisse insipide, je boycotte cette marque qui a fermé les brasseries Adelshoffen
et Fischer et mis plein de monde au chômage à Schiltigheim mais là, après plus d'un mois d'ascétisme, je la trouve même bonne.
Je m'assoupis avant de voir la fin de Prometeus en VO pas ST, et m'éveille juste à temps
pour une vision fantasmagorique : les sommets immaculés de l'Himalaya perçant les nuages. Ça en jette.
Atterrissage. Le Tribhuvan International Airport, c'est pas Dubaï. C'est même bien plus
petit que la gare de Muhlouse. Pendant le vol, on nous a donné le formulaire de demande de visa pour gagner du temps. Il n'y a donc plus qu'à donner deux photos et 40$ à des interlocuteurs
agréables et souriants, et le passeport s'enrichit d'une page de plus en dix minutes, temps passé dans la queue compris. C'est pas les Emirats et ses sales cons arrogants...
Je récupère mon matériel arrivé bien avant moi par le vol précédant, libère Karakedi qui
étouffe dans son cocon de cellophane sous les regards curieux et amusés des flics et du personnel de l'aéroport.
Une fois tout vérifié, pneus gonflés, et sacoches fixées, je commence à partir en
poussant, quand un des policiers me donne l'ordre de monter sur le vélo et de traverser le hall en pédalant. Pourquoi ? Et bien juste parceque c'est rigolo, et en effet ça fait marrer tout le
monde. Pour un premier contact avec le pays, c'est bien sympa et présage du bon pour la suite. Et puis, plus tôt que prévu, me voilà au Népal, le pays que je rêve de visiter depuis le jour où
j'ai appris son existence. Je suis heureux.
Heureux mais fatigué. Après ce voyage spacio-temporel, quatre heures de sommeil en deux
jours, je suis complètement déphasé. La nuit est tombée, je me retrouve propulsé dans la circulation la plus bordélique qui soit. Ça roule à l'anglaise, dans un nuage de poussière et de gaz, en
klaxonnant en permanence. Je suis ébloui par les phares, il n'y a pas d'éclairage public. Enfin, il y en a peut-être, mais l'électricité est coupée, ce qui revient au même. Je ne vois pas mon
plan qui de toutes façons est tout naze, et les plaques de rues sont rares, difficiles à lire quand elles ne sont pas cachées par des amoncellements de câbles électriques. Le point positif, c'est
que ça roule à 20km/h. J'ai quand même mis deux heures pour rejoindre le quartier de Thamel, théoriquement à 10km de l'aéroport.
Les népalais sont serviables, je me fait régulièrement indiquer le chemin, mais c'est
toujours la mème réponse :"Alala, mais t'es pas dans la bonne direction, Thamel c'est par là, et puis à gauche! "
Enfin, j'arrive finalement à me trouver une chambre correcte, où je peux enfin me poser
et dormir pour de vrai.
Je reste deux jours histoire de récupérer et me balade, ou plutôt me paume complètement
et parcours de longs trajets en essayant de retrouver mon hôtel. Le décalage avec l'Iran est complet. C'est maintenant que je me rend vraiment compte à quel point le régime des Ayatollahs
exerçait une pression permanente sur la population. Ici, l'ambiance est détendue, joyeuse, il y a de la musique un peu partout, c'est vivant et animé. Thamel est très touristique, avec son
inévitable lot de rabatteurs en tous genres. Les visiteurs quand à eux se composent pour une bonne part de jeunes déguisés en hippies et de randonneurs partant ou revenant de treks.
Katmandou, c'est un sacré bazar... Pour couronner le tout, beaucoup de rues sont en
réfection, et comme on fait les choses dans l'ordre, on a commencé par tout arracher, chaussées et trottoirs. C'est complètement impraticable à vélo, plein de trous et de bosses, générateur d'une
belle quantité de poussière bien dense. Au vu des moyens employés, les travaux devraient être terminés d'ici 174 ans.
La plupart des rues sont étroites, donc la circulation devient un boxon monstrueux, entre
les petites Tata, les gros 4x4, les velorickshaws, les motos, les piétons, les tuk-tuks, les chiens, les bus, minibus et microbus. Tout le monde s'en donne à cœur-joie sur le klaxon,
pouetpouettant pour tout et surtout n'importe quoi. Très peu de feux de signalisation, qui de toutes façons seraient d'une utilité toute relative du fait de l'instabilité du réseau électrique,
mais des flics qui gèrent ça au sifflet et par de petits gestes de la main.
Les flics, parlons-en, tiens ... A chaque carrefour stratégique, la Armed Police,
équivalent des CRS, se tient en faction. En armure, armés de bâtons, fusils à pompe et M16, quelques fois un camion équipé de lances à eau garé à côté. Tout à fait charmant.
Maintenant que je suis bien reposé et que j'ai un peu pris mes marques, il est temps de
me remettre en selle. Je n'ai quasiment pas roulé depuis mon arrivée à Bandar e Abbas, une quinzaine de jours plus tôt, je sens que la reprise va être ardue.
Je me prévoit une boucle entre Katmandou et Pokhara, avec un passage par le Teraï. Je
quitte la vallée par la Prithivi Highway, la route de l'ouest.
Le début est plutôt descendant, jusqu'ici c'est assez peinard. Mais il faut rester
attentif, la chaussée n'est pas bien large, et assez fréquentée, notamment par les bus et les gros Tata, ces camions indiens kitschs à mort, peinturlurés de slogans tels "King of The Road", "Push
Horn", "Speed control 40km/h", et de portraits de dieux et prophètes, comme Shiva, Bouddha, Bob Marley ou Che Guevara, quand c'est pas une feuille de ganja ou le A d'anarchie. À ceci
s'ajoutent quelques voitures, pas mal de motos (dont un joli lot de Royal Enfield au son si caractéristique), et de didis trimballant d'incroyables chargements sur leurs dos. Tout ce petit monde
ne se déplace pas bien vite, et c'est assez distrayant et amusant à observer en pédalant. De nombreuses échoppes le long de la route assurent le ravitaillement et permettent de se restaurer pour
moins de 100Rp. Les gens sont agréables, me saluent, les gamins font la course en courant à mes côtés, et si j'en croise un groupe qui va ou revient de l'école, c'est carrément l'hystérie. J'aime
bien, et quelque part ça me rappelle la Roumanie.
Les népalais sont très pauvres, cultivent de tous petits champs en terrasses, ou des
rizières en fond de vallée, mais pourtant ils semblent relativement heureux malgré leurs difficiles conditions d'existence. Ils vivent beaucoup dehors, faisant lessives et vaisselle dans les
fontaines, se lavent sous les cascades et cuisinent devant leurs petites maisons.
A mi-chemin, se tient la bourgade de Bandipur, parait que c'est joli. Et puis c'est juste
un crochet de 8 km, alors j'y vais. Pinaise ! Ouaip c'est joli, mais ça se mérite. Je met deux heures pour y grimper, d'abord dans une épaisse brume, puis sous un soleil ardent, enchainant des
centaines de lacets au bord de précipices vertigineux.
J'arrive à moitié mort à destination, mais ma peine est récompensée. Le village domine
largement la vallée, le centre, un bel exemple de l'architecture newar, bien préservé, est interdit d'accès aux véhicules à moteurs.
Depuis Tundikhel, l'ancien champ de foire situé sur les hauteurs, la vue sur les
montagnes vaut le détour.
Nous sommes au début d'un festival, je ne saurais dire lequel, ils sont très nombreux
dans tout le Népal, tout au long de l'année, autant de fêtes religieuses ancrées dans la tradition qui sont surtout prétexte à s'amuser en musique. Pour cette occasion-ci, nombre de jeunes
s'adonnent à des démonstrations de danse au son des tablas ou des sonos (ils sont très forts pour poser du son n'importe où en 15 minutes chrono). Il y a donc de la musique un peu partout et un
peu tout le temps, toutes les générations participent, et même les chiens et les vaches sont parés de colliers d'œuillets d'inde. C'est très joyeux et plein de bonne humeur. Fait ça en France et
y a toujours un connard qui fera venir les condés.
La redescente dans la vallée est assez périlleuse, je chope des douleurs aux mains à
force de rester crispé sur les freins en permanence, pas question de se laisser emporter par la vitesse, sinon c'est le grand saut au premier virage et je n'ai pas encore appris à voler.Faudra
peut-être aussi que je pense à changer mes patins un de ces jours...
Je roule vers Pokhara avec la chaine des Annapurnas en face de moi, c'est plus
impressionnant que d'aller à Vesaignes avec vue sur le Mt Violot.
A Lakeside, le quartier touristique de la ville, l'ambiance est bien différente de celle
de Katmandou, ce n'est pas tout à fait la même clientelle. Beaucoup de trekkers, ou du moins de personnes s'en donnant l'apparence, et très peu de pseudo neobeatnicks. La ville dispose de
nombreux atouts : un climat très doux, le fort joli lac Phewa, la proximité des montagnes et un spot reconnu de parapente et VTT. Une station de loisirs plutôt agréable, qui me fait penser à
Chamonix, mais bien moins saturée de touristes bien qu'on soit en pleine saison. Le soir venu, toujours du fait du festival, musique et danse sont au programme dans les rues.
Sur le lac Phewa, se tient une petite ile abritant le temple Varahi, dédié à Vishnou. On
s'y rend facilement dans de petites barques à la limite de la surcharge ; c'est très joli, très zen. Tout autours du sanctuaire, des dizaines de cloches sont alignée, les dévots les font tinter
et créent ainsi une musique abstraite plutôt agréable à entendre.
Mon pneu arrière, dont le flanc commençait à dangereusement se déchirer et laissait
apparaitre la chambre à air, a miraculeusement tenu jusqu'ici mais il est temps d'en changer. Je me débarrasse de mes bon vieux Schwalbe Big Apple qui ont vaillamment affronté les meilleurs et
les pires chemins depuis plus de 10000km et opte pour de bon gros pneus crantés de VTT. Ce n'est pas du luxe au vû de l'état aléatoire de la chaussée et j'y gagne beaucoup en amorti et en tenue
de route, car du fait de l'usure j'avais tendance à facilement chasser de l'avant dans les courbes, c'était un peu casse-gueule et cause de quelques petites frayeurs.
Maintenant, direction le Teraï et sa jungle, par la Siddarhta Highway, qui traverse le
massif du Mahabharat. La route est moins large que la Prithivi Highway, plus tortueuse, plus raide, mais très peu fréquentée ; on y croise quasiment que des motos, les bus et les Tata sont
rarissimes. Bref, enfin du silence, un vrai plaisir malgré un niveau de difficulté des plus élevés (quand j'arrive à faire 60km dans la journée, je suis vraiment content de moi). Comme ça
tournicotte en permanence dans tous les sens en permanence, la vue change tout le temps, on est loin des interminables lignes droites de Turquie ou d'Iran. Pas de monotonie, toujours quelque
chose de nouveau à voir, et tout le long des paysans vendant leur production de petites bananes et de délicieuses mandarines fraichement cueillies. Mais il ne faut pas avoir le vertige, je longe
des abimes impressionnants et bien entendu il n'y a pas de glissières ou autres équipements de sécurité.
Une fois les collines (comme les appellent les népalais) franchies, voici le Teraï. En
160 km le climat est devenu tropical, c'est la saison sèche, température idéale la journée et douces nuits. La jungle est luxuriante mais se prête tout de même au camping discret même si les
panneaux mentionnant la présence de tigres font un peu peur sur le coup.La route redevient droite et roulante, quoiqu'il faille faire gaffe aux vaches errantes et aux bandes de macaques arpentant
le bitume.
Je vais me poser une nuit à Sauraha, en bordure du célèbrissime parc national du Royal
Chitwan, ancienne réserve de chasse des Maharadjas où rôdent désormais en paix tigres et rhinocéros.
Une nuitée à 200 Rp dans un dortoir vide, eau chaude, propreté irréprochable et des
röstis au menu ... Eh oui, un des deux patrons du Chitwan Forest Resort est suisse, son influence se fait sentir tout de suite. Seul regret, la raclette est en rupture de stock.
Me promenant dans les rues paisibles du village, observant l'habitat traditionnel de
l'ethnie Tharu, j'assiste à un spectacle exotique et impressionnant : les cornacs rentrent à la maison juchés sur leurs montures. Franchement, si ici il est aussi banal de croiser un
éléphant dans la rue qu'un tracteur en Haute-Marne, ça me fait complètement halluciner. C'est gros ces bestioles, et tu t'écarte bien gentiment pour les laisser passer. A part Maurice tous
les matins au bureau, j'ai rarement eût l'occasion de croiser des pachydermes aussi imposants. Je serais bien resté quelques jours pour visiter la réserve, mais je dois rentrer à Katmandou,
affronter de nouveau l'administration indienne et faire prolonger mon Visa népalais au cas où.
Un petit retour en arrière sur Bharatpur pour retraverser le Mahabharat dans l'autre sens
par une voie plus facile suivant la vallée de la rivière Trisuli.
Les cinquante derniers kilomètres sont d'une difficulté inouïe jusqu'à présent, plus de
2000 m de dénivellé positif sur une route chargée, au revêtement souvent plus défoncé qu'un sadhu après son chillum de beuh, dans un air incroyablement saturé de poussière. J'en fait une partie
pieds à terre, poussant Karakedi, car je n'arrive pas à avancer assez vite pour garder mon équilibre.
Enfin de retour à Paknajol, je me consacre à ces tâches administratives détestables mais
essentielles à la poursuite de mon voyage.
L'extension du Visa, c'est vite réglé, comme pour son obtention : 30 minutes le matin
pour déposer un formulaire et une photo, 30 $ pour 15 jours de plus. Retour l'aprés-midi, 10 minutes pour récupérer le passeport enrichi d'un nouveau sticker.
Le Visa indien, c'est une autre affaire. Pôle Emploi, la CAF et la Sécu ne sont rien à
côté de la bureaucratie indienne, véritable école de la patience. D'abord, deux heure de queue sur la trottoir pour rien, depuis la semaine dernière il faut d'abord remplir un formulaire en
ligne, l'imprimer et se présenter le lendemain.
Le lendemain, 26 novembre, 4h30 d'attente pour juste déposer ledit papier et verser 4100
Rp. Ensuite, attendre la réponse sans garantie de résultat jusqu'au 6 décembre en croisant les doigts. Tout ceci dans un flou total, personne ne vous dit rien, il faut collecter soi-même toutes
les informations auprès des autres candidats, sans être jamais sûr de leur véracité.
Katmandou, malgré le bruit, la pollution et les sporadiques coupures de courant, est une
ville somme toute agréable. Au moins je n'attend pas comme à Bandar e Abbas en m'emmerdant comme un rat crevé, il y a pas mal de choses à voir.
Je me rend sur la colline de Swayabunath, un de plus anciens lieux de culte bouddhiste de
la vallée, au moins depuis deux millénaires. Je n'y vais pas spécialement pour ses bonzes, mais pour ses singes, qui sont des centaines à avoir élu domicile ici. J'adore les singes. Juste les
regarder vivre leur petite vie de macaques, faire leurs singeries habituelles me fait toujours délirer, je ne m'en lasserai jamais. Et puis ils sont quasi apprivoisés, indifférents à la présence
humaine, on peut les approcher de très près et faire de jolis portraits.
Le site en lui-même, dominant la ville, avec sa multitude de lieux de culte, ses
monastères, son énorme stupa, tous ses riches ornements, est de toute beauté, franchement admirable.
J'affectionne également les longues marches dans la ville en savourant le spectacle
permanent de la rue, rôder sur Durbar Square et dans l'ex Freak Street, ancien fief des babas cools, découvrir tous ces petits temples disséminés un peu partout ...
Je dépoussière Karakedi et me rend à Bodhnath, contempler le célèbrissime stupa, le plus
grand du pays, autours duquel déhambulent lentement les fidèles en psalmodiant Om mané padmé haum ... Une atmosphère mystique et zen, parfumée de vapeurs d'encens.
Et puis je prend congé quelques jours de la capitale pour m'enfoncer un peu dans sa
vallée, le temps d'une escapade à Bhaktapur. Katmandou - Bhaktapur, normalement, c'est 15 km. Version Stef sans carte, 45 km. Tout ça parce que j'ai raté un panneau. Bien joué, mais c'était un
jolie balade qui m'a permis de voir la plus grande statue au monde de Lord Shiva (143 ft), qui domine la vallée et semble lui accorder sa divine protection.
L'entrée de Bhaktapur, ancienne capitale du royaume Malla, est soumise à un droit
d'entrée de 1100 Rp pour les étrangers mais en vaut largement le prix. La ville est remarquablement préservée, un véritable musée à ciel ouvert. C'est là que l'ont voit que le tourisme et sa
manne ont du bon, l'afflux de devises donnant les moyens de cette préservation, pour le bénéfice des locaux comme pour celui des visiteurs.
C'est une petite cité médiévale très agréable, à la fois si proche de Katmandou et si
éloignée de son bruit et de sa pollution. J'y coule quelques jours paisibles, flânant entre Durbar Square, la place des potiers, Taumadi Tol, rédigeant ces lignes sur le toit ensoleillé de la
Khowpa Guesthouse. Tous les jours des musiciens déambulent dans les rues, à l'occasion de cortèges divers. Les fanfares népalaises, c'est assez marrant : vestes rouges, quelques cymbales,
tambours et une grosse caisse, deux-trois trompettes, quatre-cinq baryton, une clarinette qui donne la cadence, et des badauds qui suivent en dansant.
Autre détail qui a son importance pour moi, habitué à me nourrir de pâtes ou de riz cuits
sur le réchaud, on mange très bien au Népal. Les mets tiennent de la cuisine indienne, en moins épicés et avec plus de patates. C'est délicieux, consistant, généreusement servi, pour un prix très
modique. Un petit déjeuner complet avec pommes de terres sautées, omelette, tartines et thé massala revient au mème prix qu'un expresso dans un bistrot français, alors je ne m'en prive
pas.
On trouve également une denrée inexistante en Iran, du fromage à pâte pressée cuite! Bien
sûr ça ne vaudra jamais un Apenzeller, mais c'est autre chose que l'espèce de Kiri dont j'ai dû me contenter pendant plus d'un mois. C'est important la bouffe, un bon repas peut être un excellent
remède contre un moral en berne.
Pour bénéficier d'une vue splendide sur la massif Himalayen, en particulier le Langtang, je fais une petite escapade à Nagarkot, le village le plus élevé de la vallée, à 2000m. 20 km de montée ininterrompue, mais avec un vélo débarrassé de tout son barda, c'est d'une déconcertante facilité.
Me trompant encore une fois de chemin dès le départ, j'atterris à Changu, et ai ainsi
l'occasion de découvrir son temple de Narayan, incarnation de Vishnou. Ce dieu descend de temps à autre sur terre dans le corps d'avatars divers pour sauver le monde ; citons par exemple Krishna,
ou Sathya Sai Baba, gourou décèdé en 2011, vêtu d'orange comme les agents de la DDE d'autrefois et arborant une curieuse coupe afro comme mon père dans sa jeunesse. En occident il est accusé de
charlatanisme et d'attouchements sexuels,mais vénéré comme un dieu en Inde, au Népal et par plusieurs millions de disciples dans le monde.
Suivant les indications des gens du coin, je rejoint Nagarkot par une piste de terre
m'offrant une très belle vue sur toute la vallée de Katmandou. Le village est situé sur une crête, et offre une vision enchanteresse à 180' sur les plus hauts sommets du monde, malheureusement un
peu voilés en ce mois de décembre.
Désormais je me prépare à un retour sur Katmandou, et espère bientôt voir mon petit livre
rouge à croix blanches s'enrichir d'un nouveau tampon. Visa, pas Visa ? Le suspens est insoutenable, comme à la fin d'un épisode de Plus belle la vie.
CONSTATATIONS :
1- Les Népalais se comportent un peu n'importe comment sur la route, mais vû qu'ils font
du 40km/h grand Max en pointe, c'est plus amusant que dangereux.
2- Les Népalais sont plutôt petits, et la hauteur sous plafond de leurs maisons sont en
proportions. Attention la tête en passant les portes.
3- Je préfère voir Shiva et Bouddha partout plutôt que Khomeiny et Khameiney, ils sont
plus cools.
4- Les temples hindous avec leurs gravures de gugusses faisant des galipettes dans tous
les sens, c'est plus fun que les églises et les mosquées.
5- Les singes, c'est rigolo.
6- Une vache qui bloque la circulation et refuse de bouger du milieu de la route, c'est
rigolo.
7- Au Népal, in rigole plus souvent qu'en Iran.
BILAN TECHNIQUE :
2 pneus neufs
716h30 en selle
11081 km