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Lapin Vélo Cyclo-voyage entre France et Népal

Népal, acte 2

lapinvelo

Quand je sors de ma chambre à 6h00, après une affreuse nuit passée à tousser et transpirer sous l'effet de la fièvre, au point de tremper draps et matelas, j'ai l'agréable surprise de constater que le.réceptionniste s'est occupé de me trouver un minibus se rendant à Katmandou, démarrant dans 40 min juste devant l'hôtel et ne mettant que 7h pour parcourir les 250 km de routes tortueuses menant à la capitale. Après plus de deux mois en Inde durant lesquels je n'ai pu me fier qu'à moi-même et batailler constamment pour être sûr d'obtenir ce que je voulais, ça fait plaisir.

En prime le véhicule est récent, confortable, et n'embarque pas plus de passagers que le nombre de sièges disponibles. Ceci peut vous sembler naturel, mais sous ces latitudes, cela relève presque de la science-fiction. Du coup, ce long trajet que j'apprehendais pas mal se révèle somme toutes assez plaisant.

 

 

 

Nous repassons sur les routes déjà parcourues avec Karakedi, dans le Teraï tout d'abord, puis sur la Prithivi Highway, retrouvant les magnifiques paysages des Hills, j'ai plaisir à reconnaître tous les lieux où j'ai fait des pauses et campé, les côtes qui m'ont fait transpirer, les descentes qui m'ont fait monter l'adrénaline ... Et surtout la saloperie de col permettant l'accès á la vallée de Katmandou qui m'a fait tant souffrir et que je n'avais vraiment, vraiment pas envie de farcir une seconde fois

 

 

 

Arrivé à bon port grâce au chauffeur dont les réflexes nous ont permis d'éviter deux collisions frontales dans d'étroits virages sans aucune visibilité, Karakedi descendu du toit et de nouveau lesté de ses cinq bagages, je pédale en direction du quartier de Paknajol trouver une guesthouse. J'ai les poumons complètement pris, suis essoufflé comme un asthmatique au moindre effort, ma chaîne dérape sur les plateaux dès que j'appuie un peu fort sur les pédales, et l'atmosphère surchargée de gaz d'échappement et de poussière n'arrange rien. Mais au moins je connais la ville, et j'arrive à destination sans me perdre ni demander mon chemin à chaque carrefour. Encore un truc dont je n'avais plus l'habitude.

 

Une fois installé dans une chambre propre, lumineuse, dotée d'une salle de bains avec une vraie douche et l'eau chaude, une première chose s'impose : me soigner. Pour se faire je me rend au cabinet médical de l'ambassade de France consulter le Dr Dupart, qui me diagnostique une rhinobronchite (pour info, la consultation est ouverte à tous, même aux Suisses, coûte le même prix qu'en France et remboursable par la sécu). Il me prescrit et me fournit tout un tas de médocs bien costauds et efficaces qui me remettront vite sur pieds.

 

 

 

Deux jours plus tard, je suis guéri et peut me consacrer à la préparation d'une petite ballade dans les Himalayas, histoire d'aller voir à quoi ressemble le toit du monde avant de rentrer à la maison.

Ce qui y a de bien à Katmandou, c'est que c'est plein de boutiques vendant tous le matos nécessaire au crapahutage dans les montagnes, souvent bon marché car il s'agit la plupart du temps de contrefaçons fabriquées sur place. Honnêtement, je m'en tamponne pas mal que ma prétendue veste North Face ne soit pas authentique du moment qu'elle me protège du froid et je préfère que mes roupies aillent toutes dans des poches népalaises plutôt que d'encaisser des gros porcs capitalistes occidentaux déjà bien assez gras comme ça.

 

Donc, le trek : je décide de parcourir les sentiers entre Jiri et Namché Bazar, d'où je pourrai faire un
aller-retour à Tengboché. Je pensais au début aller au camp de base de l'Everest, mais pour cela,
limité par le temps, il m'aurait fallu prendre un vol Katmandou – Lukla, et me trimballer mon
matériel de camping, comme l'écrasante majorité des touristes. Là, pas besoin de tente ni de
réchaud, je peux manger et dormir tous les soirs dans une des nombreuses lodges qui jalonnent le
chemin. Ce trek est réputé pour sa difficulté due aux importants dénivelés, mais présente le gros
avantage de n'être pas trop fréquenté par les occidentaux assistés se prenant pour des aventuriers et
qui achètent leur trek clés-en-main avec guide et porteurs dans les agences pullulant dans la
capitale. Je me dit aussi que s'il y a moins de touristes aux poches pleines de dollars, les habitants
des montagnes devraient aussi être plus sympas, les mentalités moins corrompues par l'argent facile.
J'ai une carte de la région, un itinéraire choppé sur un site web, un petit sac de 20l rempli du strict
nécessaire, une réservation dans le bus en partance le surlendemain pour Jiri, et bien sûr
l'indispensable TIMS, le permis de trek à 20$ obligatoire pour passer les check-points du parc
national de Sagarmatha.

 

 

 

Ça y est, je peux enfin quitter la ville et sa pollution pour aller chez mes
copains de Raï ko Ris à Budhanilkantha, village situé à une dizaine de kilomètres au nord de la
bruyante capitale.


C'est avec plaisir que je retrouve Olivier et Sareena, leur fils Tintin et sa petite soeur Popo, qui est
complètement fascinée par ma personne et ne cesse de me regarder fixement avec de grands yeux
tout ronds, Nantok le gentil chien et Gengis le matou tueur de lapins. Depuis ma dernière visite la
maison a un peu changé : le grenier est désormais aménagé en lodge avec deux chambres
spacieuses, une cuisine et un petit salon où se trouve toute la documentation subversive de
l'infoshop qui constitue une bonne bibliothèque.

 


C'est le meilleur hébergement que j'aie trouvé durant tout mon voyage : économique, ambiance
familiale, confortable et au calme … sauf quand les Raï ko Ris branchent les amplis et répètent dans
leur studio, mais ça c'est du bon bruit et ça fait du bien d'entendre du punk en live après plus de
deux mois de musique indienne. Comme le groupe part bientôt en tournée en Europe de l'est, ils
sont au point et les répétitions sont plutôt des concerts dont je suis l'unique spectateur, pour ma plus
grande joie.Autre énorme avantage de l'endroit, je peux en toute confiance laisser Karakedi et toutes les affaires dont je n'ai pas besoin le temps de mon trek.

 

Mon bus part le lendemain à 5h40 de la vieille gare routière de Katmandou. Olivier, qui parle
couramment népalais, s'occupe de me trouver un taxi et de négocier le prix de la course. Debout à
4h30, j'avale un solide petit déjeuner et saute dans le taxi qui n'a que cinq minutes de retard. Arrivé
à la gare routière, c'est l'angoisse : il fait nuit, il y a des dizaines de bus en instance de départ, c'est
le bordel, je ne sais pas où aller, mais heureusement un jeune vient à mon secours et ensemble nous
cherchons mon véhicule. Enfer et damnation! Il est 5h50 et il est déjà parti! Avec ma chance, je suis
tombé sur le seul bus de tout le Népal qui part à l'heure, super… « Vite vite! me dit le gars
m'accompagnant, avec un taxi on peut le rattraper au prochain arrêt, à l'aéroport! » Ce que nous
faisons avec succès. Je paie le chauffeur et veut donner quelque chose à mon providentiel
compagnon, mais celui-ci refuse, argumentant que ça lui a fait plaisir de m'aider. C'est bon de
tomber sur des gens comme lui, je le remercie chaleureusement et saute dans le bus. Ouf !

 

 

Le trajet est déjà une aventure en soi. Le bus, un truc 4x4 rehaussé, est adapté au gabarit des
népalais, les sièges sont minuscules, j'ai à peine la place pour caser mes jambes, le siège devant le
mien est mal fixé et vient me taper dans les genoux à chaque cahot, l'allée est encombrée par les
énormes sacs d'autres trekkers. Plus ça vient, plus la chaussée se dégrade et se rétréci, quand on
croise un autre véhicule, ça passe au quart de millimètre, par la fenêtre je vois les roues qui passent
à 10 cm du vide … je ne suis pas franchement rassuré. A l'approche de Jiri, de nombreux nouveaux
passagers grimpent sur le toit, vu que l'intérieur est bondé. Malgré tout nous arrivons à destination
tous sains et saufs en début d'après-midi, c'est le miracle qu'accomplit quotidiennement le chauffeur.
Je suis littéralement moulu, le dos, les genoux et les fesses en compote.

 

 


Jiri, malgré un beau stupa et une statue de Bouddha à moustaches dominant le village, n'est pas
vraiment une jolie bourgade. Il y a des rabatteurs essayant d'attirer le moindre visage pâle dans leurs
lodges, c'est crade, la rivière est souillée de détritus divers, on se croirait presque en Inde. Mais je
suis content d'être là, demain je pars marcher dans les montagnes!

 

 


Ça fait un sacré bout de temps que je n'ai pas randonné plusieurs jours d'affilée, je ne me suis jamais
attaqué à un trek aussi long, jamais monté aussi haut … Vais-je être à la hauteur de mes ambitions ?
Vous le saurez lors du prochain épisode, qui arrive lentement mais sûrement !

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Commentaires
A
Halte au suspens, vite l'épisode du treck :-))
Répondre
L
<br /> <br /> J'en suis à la rédaction du 2éme jour ...<br /> <br /> <br /> <br />